Retraites : pourquoi supprimer l’abattement fiscal de 10% serait une mauvaise idée et ses effets pervers ?

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Les retraités, déjà confrontés à une gestion serrée de leur budget, risquent d’être gravement pénalisés par cette mesure qui fait énormément débat. L’idée avait été promue, à titre personnel, par le président du Conseil d’orientation des retraites (Cor) mais aussi par le président du Medef. L’air de rien, cette décision pourrait avoir des répercussions profondes sur le quotidien des pensionnés. Pourquoi supprimer l’abattement fiscal de 10% sur les retraites serait finalement une très mauvaise idée et quels en seraient les nombreux effets pervers qui pourraient en découler ?

Découvrez pourquoi supprimer l’abattement fiscal de 10% sur les retraites serait une mauvaise idée et quels seraient ses effets pervers ?

Cette mesure supposée faire économiser annuellement 4,5 milliards d’euros à l’administration fiscale pourrait en réalité pénaliser lourdement les seniors.

L’entrée de nombreux retraités dans l’impôt

Actuellement, l’abattement de 10 % permet à un grand nombre de retraités de ne pas être imposés sur leurs pensions.

Par exemple, un retraité touchant 1 542 € par mois n’est pas imposable grâce à cet abattement. Mais si cette mesure disparaissait, il verrait son impôt augmenter de 272 € par an et deviendrait imposable.

Cela signifierait que plusieurs retraités se retrouveraient à devoir payer des impôts. « Les effets de bord sont réels », confirme Pierre Madec, l’économiste de l’OFCE.

Un poids supplémentaire pour les retraités modestes

La suppression de l’abattement risquerait de faire augmenter jusqu’à 3 fois plus les impôts des retraités modestes. Pas moins des dizaines de milliers de retraités modestes sont concernés.

Prenons l’exemple d’un retraité touchant 1 662 € par mois, soit la pension moyenne. Grâce à la décote fiscale, cet individu paie un impôt de 190 € par an. Sans l’abattement de 10 %, son impôt pourrait presque tripler, passant à 510 € annuels.

« Sur les effets de bord, le seul moyen d’éviter une forte hausse pour les retraités imposables modestes serait de toucher à la décote, fait remarquer Pierre Madec. Or une évolution de la décote, met-il en garde, toucherait tout le monde, actifs compris ! »

L’impact sur les retraités les plus riches

Les retraités modestes seront doublement pénalisés parce qu’en plus de payer plus d’impôts, ils perdraient une partie de la décote. Les plus riches seraient beaucoup moins touchés par cette mesure.

Les retraités ayant des pensions supérieures à 43 210 € par an ne bénéficient déjà plus de la totalité de l’abattement, celui-ci étant plafonné à 4 321 €.

Par exemple, un retraité percevant 60 000 € par an verrait son impôt augmenter de 1 296 €, mais cette hausse reste modeste par rapport à ses revenus.

La perte d’avantages fiscaux et l’augmentation de la CSG

Outre l’augmentation de l’impôt, la suppression de l’abattement entraînera une hausse du revenu fiscal de référence (RFR). Cette hausse affecterait directement le taux de CSG appliqué sur les pensions de retraite.

En effet, si l’abattement est supprimé, un retraité pourrait bien perdre lexonération de CSG ou passer à un taux plus élevé, allant de 3,8 % à 8,3 %.

Une évolution qui mettra à mal le pouvoir d’achat des retraités, notamment ceux les plus modestes qui bénéficient de réductions de CSG. Pour Pierre Madec, « ce n’est pas sûr que ce soit la bonne mesure ».


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