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Parfois, ce sont les plus petits éléments qui permettent les plus grandes découvertes. C’est ce qu’ont constaté des chercheurs australiens et chinois en étudiant de minuscules perles de verre retrouvées sur la Lune.
Ces échantillons ont été rapportés par la mission chinoise Chang’e-5 qui a collecté des échantillons de sol lunaire en 2020. Et ils pourraient contenir des indices précieux sur les couches profondes de la Lune, notamment son manteau.
A peine plus grosses qu’un grain de sable, ces perles se forment normalement lors d’impacts violents qui font fondre les roches de surface. Mais dans ce cas, leur composition chimique sorte de l’ordinaire, ce qui intrigue les scientifiques.
Une composition qui interpelle
Les analyses ont révélé que ces perles contiennent une concentration anormalement élevée de magnésium. Ce détail, souligné par le professeur Alexander Nemchin de l’Université Curtin, pourrait indiquer une origine plus profonde.
En effet, les roches de la surface lunaire analysées jusqu’à présent ne présentent pas cette particularité.
Selon le professeur Nemchin, cela suggère que ces perles ne proviennent pas simplement de la croûte lunaire mais qu’elles pourraient être issues de matériaux remontés du manteau, situés bien en dessous de la surface.
Autrement dit, ces minuscules billes représentent une fenêtre directe sur une zone de la Lune que nous n’avons encore jamais pu explorer.
Des traces d’un ancien impact géant ?
Le professeur Tim Johnson, également de l’Université Curtin, estime que les roches à l’origine de ces perles ont pu être projetées à la surface par un massif d’impact survenu il y a très longtemps. Il évoque notamment la formation du bassin d’Imbrium, un immense cratère datant de plus de 3 milliards d’années, comme un événement possible à l’origine de ce phénomène.
Des observations réalisées par satellite montrent d’ailleurs que les zones proches de ce bassin contiennent des minéraux similaires à ceux identifiés dans les perles de verre.
Pour les chercheurs, cela renforce l’idée que ces échantillons pourraient prouver des profondeurs de la Lune, et non seulement de sa surface.
Une occasion unique d’étudier le manteau lunaire
Ce qui rend cette découverte particulièrement précieuse, c’est qu’elle offre peut-être une première occasion d’analyser des fragments du manteau lunaire.
Jusqu’à présent, les missions spatiales n’avaient permis de récolter que des matériaux de surface. Si l’origine profonde de ces perles est confirmée, cela marquerait une majeure avancée dans notre connaissance de la géologie interne de la Lune.
Le professeur Xiaolei Wang, qui a dirigé l’étude depuis l’Université de Nanjing, souligne également les retombées possibles pour les futures missions spatiales.
Comprendre la structure interne de la Lune permettra de mieux la comparer à la Terre. Elle permet aussi d’orienter les prochaines explorations lunaires, qu’elles soient conduites par des robots ou des astronautes.
Vers de nouvelles découvertes
Il reste encore beaucoup à apprendre de ces perles de verre. Les chercheurs vont poursuivre leurs analyses pour confirmer leur origine exacte et en savoir plus sur leur formation.
Mais une chose est déjà claire. Cette découverte, née de l’étude d’échantillons minuscules, pourrait transformer notre compréhension de la Lune.
Même si elle nous semble familière, notre satellite naturel n’a pas encore livré tous ses secrets. Et grâce à ces perles invisibles à l’œil nu, nous commençons tout juste à en découvrir l’intérieur.