Afficher le résumé Masquer le résumé
C’est précisément ce que des chercheurs ont découvert en Allemagne. Il s’agit d’un fossile quasiment intact d’une cigale, mesurant 26,5 millimètres de long avec une envergure de 68,2 millimètres.
Cette trouvaille rare a permis aux scientifiques de décrire un tout nouveau genre et une nouvelle espèce. Ces insectes ne sont donc pas seulement des vestiges figés mais des témoins d’une lignée bien précise.
Une cigale qui révèle son passé
Ce qui rend cette découverte encore plus intéressante, c’est que les deux fossiles trouvés, qui sont des femelles, suggèrent que leurs mâles pouvaient probablement chanter comme les cigales que nous connaissons aujourd’hui.
Ce détail n’est pas anodin. Il modifie la compréhension des cigales. Ces insectes chanteurs auraient colonisé l’Europe bien plus tôt que ce que l’on croyait auparavant.
Jusqu’ici, on pensait que ces cigales typiques des étés chauds venaient d’autres régions.
Les cigales d’hier et d’aujourd’hui
Pour mieux comprendre, il faut savoir que la plupart des cigales actuelles appartiennent à la famille des Cicadidae. C’est celle qui rassemble les cigales que l’on entend chanter chaque été.
En Amérique du Nord où certaines émergent par millions tous les 13 ou 17 ans, comme la fameuse couvée XIV, que certains ont peut-être déjà remarquée.
Ces cigales, reconnaissables à leur corps noir et leurs yeux rouges, rythment le cycle naturel. On trouve des cigales presque tous les continents avec plus de 3 000 espèces recensées sauf en Antarctique.
Une rareté dans les archives fossiles
Malgré leur présence actuelle, les fossiles de cigales sont très rares. Seuls 44 fossiles de la famille des Cicadidae ont été découverts. Le plus ancien fossile certain de cigale chanteuse provient du Montana, aux États-Unis, et date d’environ 59 à 56 millions d’années.
La cigale découverte récemment en Europe est donc le plus ancien fossile de ce type trouvé sur ce continent.
Une tribu tropicale en plein cœur de l’Europe ?
Grâce à une conservation remarquable, les chercheurs ont pu classer cette cigale fossile dans la tribu des Platypleurini. Aujourd’hui, ces cigales vivent surtout dans les régions tropicales et subtropicales d’Afrique subsaharienne et d’Asie.
En clair, cette famille est absente d’Europe… sauf il y a 47 millions d’années.
Réécrire l’histoire de l’évolution
Avant cette découverte, on pensait que les Platypleurini avaient évolué il y a environ 30 à 25 millions d’années en Afrique avant de s’étendre ailleurs. Ce fossile repousse donc cette date de 20 millions d’années, ce qui remet en question leur évolution.
Comme l’explique le Dr Conrad Labandeira, spécialiste indépendant : « On peut s’attendre à trouver d’autres fossiles plus anciens qui permettront de mieux comprendre leur histoire ». C’est un peu comme découvrir une vieille photo de famille qui révèle un ancêtre inconnu.
Plongée dans un ancien lac volcanique
Ces fossiles ont été extraits de la fosse de Messel, en Allemagne qui est un site remarquable inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce lieu était autrefois un lac volcanique profond, avec un fond pauvre en oxygène.
Cela a créé des conditions parfaites pour la fossilisation. Les sédiments fins ont emprisonné une grande variété d’organismes de l’époque éocène. Cette « capsule temporelle » a ainsi permis à des insectes comme cette cigale de traverser les âges sans perdre un seul détail.
Une découverte qui fait chanter la science
Nommer cette cigale Eoplatypleura messelensis rend hommage au site où elle a été trouvée, mais aussi à ces vestiges qui nous apprennent tant sur l’histoire de la vie.
Parfois, un simple insecte fossile suffit à changer notre regard sur le passé. N’est-ce pas fascinant que derrière ce silence de pierre, la voix d’une cigale vieille de près de 50 millions d’années continue de résonner ?