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Dans un laboratoire du Maryland, en 2018, Liangbing Hu, chercheur en science des matériaux à l’Université du Maryland, a trouvé un moyen de transformer du bois ordinaire en un matériau plus solide que l’acier.
Une découverte impressionnante, mais qui semblait rester confinée au laboratoire, loin des applications concrètes.
Quand la science rencontre les défis de l’industrie
Alex Lau, le directeur général d’InventWood, raconte que beaucoup de chercheurs ont vu Liangbing Hu. Mais ce dernier, professeur d’université, lui disait : « C’est formidable, mais je ne suis pas un entrepreneur, je ne sais pas comment avancer avec ça. »
Plutôt que d’abandonner, ils ont travaillé ensemble pour améliorer le procédé. En quelques années, ils sont passés d’une fabrication qui prenait plus d’une semaine à seulement quelques heures. Ce progrès a rendu la production beaucoup plus viable.
Superwood, le bois du futur qui arrive cet été
Cette année, InventWood lance la production en série de son fameux « Superwood ». Pour l’instant, l’usine reste petite et se concentre sur des usages de surface comme les façades ou le bardage.
Mais Alex Lau a de grandes ambitions : « À terme, nous voulons utiliser ce bois dans la structure même des bâtiments. Car 90 % de l’empreinte carbone des constructions vient du béton et de l’acier. » C’est donc un véritable enjeu écologique.
Pour construire cette usine, InventWood a levé 15 millions de dollars lors d’un tour de table soutenu notamment par la Fondation Grantham, Baruch Future Ventures, Builders Vision et Muus Climate Partners.
Cette aide financière est essentielle pour accélérer le développement.
Qu’est-ce que le Superwood ?
Le Superwood est fabriqué à partir de bois ordinaire, composé principalement de cellulose et de lignine. L’objectif est de renforcer la cellulose qui est déjà très résistante naturellement.
Alex Lau explique : « Le nanocristal de cellulose est même plus solide qu’une fibre de carbone. »
Pour y parvenir, InventWood utilise des produits chimiques sûrs, issus de l’industrie alimentaire, qui modifient la structure moléculaire du bois. Ensuite, le bois est comprimé pour augmenter les liaisons hydrogène entre les molécules de cellulose.
On pourrait penser que rendre le bois quatre fois plus dense le rendrait simplement quatre fois plus résistant. En réalité, grâce à ces liaisons supplémentaires, il devient dix fois plus solide. C’est un vrai exploit scientifique.
Un matériau aux qualités remarquables
Le Superwood présente des caractéristiques impressionnantes. Sa résistance à la traction est 50 % supérieure à celle de l’acier, avec un rapport résistance/poids dix fois plus élevé. De plus, il est classé feu de classe A, ce qui signifie qu’il résiste très bien au feu.
Il est également insensible à la pourriture et aux attaques d’insectes. Grâce à une imprégnation avec un polymère, il peut être utilisé à l’extérieur, pour des terrasses, bardages ou toitures, ce qui plaît beaucoup aux architectes.
Alex Lau souligne également l’aspect esthétique : la compression du bois intensifie ses couleurs naturelles qui ressemblent à celles des bois durs tropicaux comme le noyer ou l’ipé. Il n’est pas nécessaire ainsi de faire un traitement supplémentaire pour obtenir un bel aspect.
InventWood envisage de fabriquer des poutres structurelles à partir de copeaux de bois compressés. Alex Lau montre un échantillon et dit : « Imaginez des poutres aussi belles que du noyer, naturelles, sans aucun traitement. » Cela représente une avancée majeure pour la construction durable.
Un avenir prometteur, mais encore des défis
InventWood ouvre une nouvelle voie dans le secteur du bâtiment. Alors que le béton et l’acier dominent depuis longtemps, ce bois renforcé pourrait devenir un matériau écologique de référence.
Reste à voir si le marché sera prêt à adopter cette innovation et si la technologie tiendra ses promesses sur le long terme. Mais une chose est sûre : nous sommes très proches d’un progrès, entre nature et science véritable.