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Un ancien salarié d’Enedis, âgé de 59 ans, doit être jugé en mai prochain à Bordeaux pour avoir réalisé l’une des plus grandes fraudes jamais enregistrées sur les compteurs Linky.
En cinq ans, il aurait modifié près de 400 appareils afin de faire baisser considérablement la consommation d’électricité de certains clients… contre rémunération.
Une méthode simple, mais très rentable
Le procédé utilisé par ce technicien était relativement basique. Il plaçait un câble sous le compteur pour en fausser les données de consommation. Résultat : les factures de ses clients pouvaient chuter de 80 à 90 %.
Pour chaque intervention, il était payé environ 800 euros. Selon les enquêteurs, il aurait ainsi empoché plus de 300 000 euros, tandis qu’Enedis estime que le préjudice global dépasse un million d’euros.
Le capitaine Nicolas Coudre, de la compagnie de gendarmerie d’Arcachon, résume l’ampleur de l’affaire : « On a compris assez vite que le dossier prenait une grande dimension. Il a fallu recenser tous les cas et identifier chaque fraude, avec l’aide précieuse d’Enedis. »
Une fraude qui s’étend bien au-delà de la Gironde
Mais ce cas n’est pas isolé. Enedis alerte depuis plusieurs mois sur l’ampleur de ces fraudes dans tout le pays. On estime aujourd’hui à plus de 100 000 le nombre de compteurs Linky trafiqués en France, pour un préjudice total de 250 millions d’euros depuis 2022.
Jean-Baptiste Noël, analyste chez Enedis chargé du programme de lutte contre les pertes et les fraudes, avait expliqué le fonctionnement du système de détection : « Chaque point rouge sur nos cartes signale une suspicion de fraude. On peut zoomer pour localiser précisément les cas, et on voit que toutes les régions sont touchées. »
Une pratique risquée, malgré les apparences
Ce type de manipulation se répand notamment à travers les réseaux sociaux. Des personnes peu scrupuleuses y proposent leurs services en promettant une baisse importante de la consommation.
Ces offres attirent de plus en plus de clients, parfois en difficulté face à la hausse des prix de l’énergie.
L’un de ces « vendeurs » a même été contacté par une équipe de journalistes. Il expliquait sans détour : « On facture 400 euros, avec un service après-vente inclus. Si le client déménage, on peut refaire la manipulation sur un autre compteur. »
Ces services donnent l’illusion d’un système bien rodé. Mais ceux qui y ont recours prennent de gros risques.
Des conséquences judiciaires sévères
La justice ne prend pas ces faits à la légère. Maître Anne-Sophie Hiltzer, avocate au barreau de Paris, rappelle : « C’est un acte pénalement sanctionné. Une personne reconnue coupable peut encourir jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. »
Des condamnations ont déjà été prononcées. Pourtant, malgré les risques, certains continuent de tenter leur chance, encouragés par des offres bien présentées et des promesses d’anonymat.
Une fraude qui nuit à tous
Au-delà du préjudice direct pour Enedis, cette fraude affaiblit tout le système. Elle fausse les relevés de consommation, complique la gestion du réseau électrique et fait peser une part des pertes sur les clients honnêtes, qui risquent de payer indirectement pour les tricheurs.
Ce cas rappelle que la fraude à l’électricité n’est pas un délit mineur. Elle touche à des biens communs, elle déséquilibre le système, et elle peut coûter cher à l’ensemble de la société.
Une affaire emblématique
Cette histoire, qui pourrait bien faire date, illustre les dangers d’un système parallèle qui se développe en marge des règles. Si la justice agit aujourd’hui, c’est pour envoyer un signal clair.
Manipuler un compteur n’est pas seulement une astuce pour payer moins, c’est un délit sérieux aux conséquences importantes.
Alors, avant de céder à la tentation, mieux vaut réfléchir : quelques économies sur sa facture valent-elles vraiment le risque de lourdes sanctions ?