«L’augmentation du Smic défendue par la gauche n’est pas un mauvais débat et nous aurions tort de l’écarter d’un revers de la main», déclarait le dimanche 21 juillet dernier auprès du JDD, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur. Un Smic à 1800 euros brut par mois pourrait-il être possible d’ici à la fin de l’année ? Le point sur la question.
« Ce serait un coup de pouce important pour ceux qui le méritent»
Gérald Darmanin est donc favorable à une hausse du Smic. « Ce serait un coup de pouce important pour ceux qui travaillent et qui le méritent», admet le ministre de l’Intérieur.
« Il faut le faire sans tuer nos entreprises : il faut donc les embarquer avec nous et leur demander leur contribution», ajoute celui qui a de nouveau été réélu député de Tourcoing.
Pourquoi cette augmentation pourrait-il conduire à une destruction des emplois ?
Un revirement de situation inattendu quand on sait que le Premier ministre, Gabriel Attal, et le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, s’y étaient opposés, estimant que cela pourrait « détruire l’équivalent de 500 000 emplois sur 5 ans » si l’on arrive à 1600 euros net. Mais comment est-ce possible ?
Bertrand Martinot, spécialiste des questions d’emploi et expert associé à l’Institut Montaigne, nous éclaire sur le sujet.
« Logiquement, explique-t-il auprès du magazine Capital, augmenter le salaire minimum conduit à une destruction d’emplois plus ou moins lourde selon le niveau de départ. (…) Si de base, le salaire minimum légal est très bas et s’il y a peu de personnes rémunérées à ce niveau, alors si on l’augmente, même fortement, cela n’aura pas beaucoup d’impact sur l’emploi« , illustre-t-il.
« L’augmentation du montant du Smic risque de détruire beaucoup d’emplois si elle touche beaucoup de monde. Or c’est malheureusement le cas en France, avec un peu plus de 17% de salariés rémunérés au niveau du Smic, soit plus de 3 millions de personnes ».
« Il faut absolument détendre la distribution des salaires »
« C’est au-dessus du Smic qu’on est confronté à un problème de pouvoir d’achat(…) En France, le Smic représente un peu plus de 60% du salaire médian. Le Smic étant indexé sur l’inflation, les salariés rémunérés à ce niveau n’ont pas perdu en pouvoir d’achat, détaille l’expert, tandis que ceux payés autour du salaire médian, si. Il faut absolument détendre la distribution des salaires. Ce n’est pas possible de dire à quelqu’un qui gagne un peu plus que le Smic qu’il restera rémunéré à ce niveau toute sa vie ou qu’il va se faire «rattraper» par le Smic ».
Comme précisé dans les colonnes de Capital, «la revalorisation automatique du Smic interviendra en septembre si le seuil (de 2% d’inflation par rapport à novembre 2023, NDLR) est passé en juillet, ou en octobre si le seuil est passé en août», souligne Dorian Roucher, le chef du département de la conjoncture de l’Insee.
Smic à 1 800 € : une réalité d’ici fin 2024
Tout comme l’Insee, la Banque de France s’attend également à une revalorisation automatique du Smic à l’automne.
Le niveau de la hausse mécanique du Smic, poursuit Dorian Roucher, devrait être «un peu au-dessus de 2%». Cela sous-entend que le salaire minimum légal atteindrait la barre des 1 800 € brut par mois (contre 1 766,92 € actuellement).