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Carte vitale de l’alimentation, allocation alimentaire, chèque alimentaire, Sécurité sociale de l’alimentation ; appelées de différentes manières, le principe de cette aide est de verser à tous les bénéficiaires 150 euros par mois pour faire leurs courses dans des établissements partenaires : voici tout ce qu’on sait de ce nouveau dispositif très populaire dont la concrétisation à l’échelle nationale est très attendue.
Une proposition de loi en faveur de l’instauration de la Sécurité sociale de l’alimentation
Les députés écologistes ont proposé une loi visant à instaurer la « Sécurité sociale de l’alimentation ».
Ce texte, examiné à l’Assemblée nationale le jeudi 20 février 2025, a pour objectif principal de soutenir les projets pilotes locaux reposant sur l’octroi d’une sorte de carte vitale de l’alimentation, offrant 150 euros par mois à tous les bénéficiaires.
Depuis le courant de l’année 2019, diverses associations et collectifs mènent des expérimentations locales pour évaluer l’efficacité de cette allocation alimentaire, avec près de quarante projets pilotes.
Comme le souligne RMC Conso, ces initiatives visent à analyser les répercussions sociales, économiques et sanitaires du dispositif dans l’éventualité où une nouvelle loi viendrait être adoptée dans un futur proche pour une application universelle sur l’ensemble du territoire national.
150 euros par mois pour les courses : ce que l’on sait de la Sécurité sociale alimentaire à Bordeaux et à Montpellier
À Bordeaux, rapporte RMC Conso « 150 étudiants tirés au sort ont bénéficié, pendant neuf mois d’octobre 2023 à juin 2024, de 100 euros versés en monnaie locale pour acheter des produits dans des magasins conventionnés, contre une cotisation volontaire, de 12 euros en moyenne« .
Le projet, actuellement en phase d’étude par des chercheurs, donnera bientôt lieu à un rapport détaillant ses impacts sociaux.
Toutefois, Dominique Nicolas, président de l’association Crepaq, à l’origine de l’expérimentation, a déjà observé des résultats positifs sur le terrain.
« Nous avons reçu des témoignages émouvants d’étudiants qui ont pu manger à leur faim pour la première fois, ou inviter des amis à dîner sans avoir honte de ce qu’ils pouvaient offrir », raconte-t-il au micro de RMC Conso.
Un constat corroboré par la sociologue Pauline Scherer, qui participe également à un projet de chèque alimentaire appelé simulation de sécurité sociale de l’alimentation à Montpellier.
« Les gens mangent mieux, de manière plus diversifiée. Il y a aussi un impact sur la dignité des personnes, qui sont fières de pouvoir se nourrir correctement, ainsi que sur la santé perçue : les participants se sentent mieux », explique la spécialiste à RMC Conso.
Lancé en 2022, ce projet regroupe 400 participants, représentatifs de la population, qui versent des cotisations volontaires afin de percevoir un chèque alimentaire de 100 euros par mois. Son financement est assuré à parts égales : 50 % provient des cotisations et 50 % des subventions.
En partant de cette quarantaine de projets pilote de la Sécurité sociale alimentaire, le concept s’appuie sur trois principes fondamentaux :
- Une carte approvisionnée de 150 euros par mois pour chaque participant ;
- Un financement assuré par les cotisations sociales ;
- Une sélection de produits ou commerces en fonction de critères sociaux, environnementaux et sanitaires.
Sécurité sociale alimentaire : où en est son application à l’échelle nationale ?
Bien que la généralisation à l’échelle nationale ne soit pas encore envisagée, Dominique Nicolas, favorable à une telle mesure, ne doute pas de son efficacité.
« J’y crois, parce que cela permettrait de revenir aux fondamentaux de la sécurité sociale telle qu’elle a été instituée en 1946, avec des caisses locales gérées par les citoyens. Cela peut paraître utopique… Mais on est là pour transformer l’utopie en réalité« .
À Cadenet, une commune de 5 000 habitants située dans le Vaucluse, une initiative similaire a été lancée en 2024.
Éric Gauthier, animateur au sein de l’association Au Maquis, qui pilote le projet, affirme que « les retours sont 100% positifs. Cela a transformé les pratiques alimentaires des participants, qui sont également fiers de refaire partie du paysage alimentaire et de participer à la prise de décision.«