Je suis infirmière aux urgences : voici combien je gagne vraiment chaque mois

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Travailler de nuit, courir d’un patient à l’autre, gérer l’angoisse, la douleur, les urgences vitales… C’est mon quotidien. Et pourtant, beaucoup de gens ignorent combien je suis payée pour ce travail. On pense souvent que les infirmiers à l’hôpital sont bien rémunérés, surtout dans un service d’urgences. Mais la réalité est plus nuancée. Aujourd’hui, je lève le voile sur mon salaire d’infirmière hospitalière pour vous dire ce qu’il en est… sans filtre.

Mon quotidien au service des autres

Je suis infirmière depuis bientôt huit ans. Cela fait cinq ans que je travaille dans le CHU Nord de Grenoble au service des urgences. Les journées sont intenses, parfois violentes, souvent imprévisibles. On ne sait jamais à quoi s’attendre : un accident de la route, un malaise cardiaque, une détresse psychologique… Le rythme est effréné, surtout la nuit et le week-end. Et les pauses, on les prend quand on peut. Parfois jamais.

Mon salaire net : ce que je touche vraiment chaque mois

Concrètement, mon salaire net chaque mois tourne autour de 2 100 euros. C’est après déduction des cotisations, et hors heures supplémentaires. Mon traitement de base, en tant que fonctionnaire hospitalière de catégorie A, est d’environ 1 800 euros nets. À cela s’ajoutent les primes de nuit, les dimanches et jours fériés, qui font parfois grimper la note. Mais pas autant qu’on le croit.

Sur un mois chargé, avec plusieurs nuits et week-ends, je peux atteindre 2 300 voire 2 400 euros nets. Mais c’est rare. En moyenne, je suis à 2 100 euros. Et encore, je suis à temps plein. Beaucoup de mes collègues à mi-temps ou à 80 % gagnent bien moins. Pour un métier aussi physique, émotionnel et risqué, ce n’est pas énorme.

Les primes et heures supplémentaires : un bonus… pas toujours garanti

Les heures supplémentaires ? Oui, j’en fais. Souvent. Parce qu’on manque de personnel, parce qu’un collègue est malade, ou parce qu’il faut rester après l’heure. Ces heures sont censées être payées ou récupérées. Mais dans les faits, on attend parfois des mois avant d’en voir la couleur. Et la prime Ségur, mise en place en 2020 ? Elle m’a rapporté un peu plus de 180 euros nets par mois. C’est déjà ça. Mais ça ne compense pas les conditions de travail.

Et si je travaille dans le privé ?

J’ai des amies qui travaillent dans des cliniques privées. Elles gagnent parfois un peu plus, surtout avec l’ancienneté. Mais elles n’ont pas toujours les mêmes protections sociales, ni les mêmes droits à la retraite. Certaines gagnent 2 500 euros nets, d’autres moins. Cela dépend du groupe, du poste, et du nombre de gardes effectuées. Bref, ce n’est pas toujours mieux.

Un métier de passion… mais à quel prix ?

Je ne me plains pas de mon métier. J’aime ce que je fais. J’aime être utile, soigner, rassurer, agir dans l’urgence. Mais je suis fatiguée. Et je sais que beaucoup de mes collègues sont à bout. On ne compte plus celles et ceux qui quittent l’hôpital, qui changent de voie, ou qui partent à l’étranger pour un meilleur salaire.

Ce que je gagne ne reflète pas l’énergie, les risques, ni l’investissement que ce métier demande. Et pourtant, on continue. Par vocation. Par devoir. Par passion, peut-être. Mais pour combien de temps encore ?

Une transparence nécessaire

Si j’ai décidé de parler de mon salaire, c’est parce que trop souvent, on idéalise ou on ignore la réalité. Être infirmière aux urgences, c’est un engagement total. C’est donner beaucoup, parfois au détriment de sa santé ou de sa vie personnelle. Alors oui, je gagne un peu plus que le SMIC. Mais pour tout ce que cela implique, ce n’est pas assez.

Peut-être qu’en mettant des chiffres sur les mots, on finira par mieux comprendre ce que vaut vraiment le travail des soignants. Et à leur donner, un jour, la reconnaissance qu’ils méritent.


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