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Pendant dix longues années, l’État français a réussi à injecter dans l’économie pas moins de 37,5 millions de pièces de fausse monnaie et sans que personne ne remarque quoi que ce soit.
Un secret parfaitement gardé qui a permis à ces fausses pièces de se glisser discrètement dans le quotidien des citoyens comme si de rien n’était.
Pourquoi se lancer dans la fabrication de fausse monnaie ?
L’histoire se déroule entre 1951 et 1960. Fraîchement sortie des ruines de la Seconde Guerre mondiale, la France peine à redresser son économie.
Dans ce contexte économique fragile, le pays se trouve pris dans les mailles serrées des accords de Bretton Woods, imposant une parité stricte avec le dollar et limitant ainsi les manœuvres économiques possibles.
C’est là que l’État décide de frapper des copies presque parfaites des pièces de 20 francs « coq ». Originellement émises entre 1907 et 1914, ces pièces avaient été officiellement retirées de la circulation en 1926.
Pourtant, à la surprise générale, elles allaient connaître une résurrection, portée par une décision prise dans les couloirs feutrés de la Banque de France.
L’or au cœur de la manœuvre
Pourquoi de telles copies ? Simplement parce que l’État avait une urgence : économiser de l’or. En frappant des pièces dont la teneur en or était légèrement inférieure à la norme, l’État a réussi à économiser près de 654 kilos d’or pur. Cet écart a permis de libérer une somme précieuse.
Bien que la brillance de ces nouvelles pièces ait pu éveiller quelques soupçons, la situation a été rapidement camouflée. Le gouverneur de la Banque de France s’est empressé de rejeter cette initiative sur son prédécesseur.
Grâce à la complicité passive du public et des institutions, cette opération se poursuivit sans accrocs.
Comment cette fausse monnaie a-t-elle pu circuler si longtemps ?
D’abord, la confiance dans l’État et dans les institutions bancaires était tellement forte que l’idée même qu’une pièce mise en circulation par l’État puisse être suspecte semblait inconcevable.
Ensuite, les différences entre l’original et la copie étaient si subtiles que même les experts n’auraient pas pu les repérer sans un examen particulièrement minutieux.
Cette opération bien ficelée a pris de court tout le monde y compris les autorités. Ce n’est qu’en 1973 que la situation a commencé à devenir problématique, principalement à cause du statut fiscal particulier de ces pièces.
Les conséquences à long terme
Même si cette initiative a temporairement gonflé les caisses de l’État, elle n’était pas sans conséquences. En effet, elle a mis en lumière les limites des méthodes monétaires traditionnelles face aux pressions économiques mondiales.
Elle soulève également des interrogations sur la transparence des décisions prises par des institutions telles que la Banque de France.
Sur le plan fiscal, le statut flou de ces pièces continue de semer le doute. Considérées comme des « monnaies de facto », elles compliquent encore les évaluations de transactions historiques lorsque vient le temps de faire le bilan des échanges monétaires passés.
Et voilà donc un secret qui a tenu bon pendant des années, à la fois brillant dans son exécution et presque irréel dans son ampleur.
Un coup de maître ou une ruse à l’échelle de l’État ? La frontière entre les deux semble plus floue que jamais.