Otages espagnols : la rançon de trop ?

La rédaction
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Joie et scepticisme étaient indissociables en Espagne après la libération d’Albert Vilalta et Roque Pascual, les deux membres de l’ONG espagnole Barcelona Acció Solidària kidnappés par Al-Qaïda du Magreb Islamique (AQMI) en Mauritanie. La raison de la colère ? La rançon payée par le gouvernement espagnol, qui soulève doutes et critiques chez les médias, les citoyens et l’opposition au gouvernement.

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Dans certains éditoriaux espagnols, on hésite à parler de dénouement heureux quand plusieurs millions d’euros ont été payés pour récupérer vivants les travailleurs humanitaires – qui ont passés neuf mois en captivité – et que l’auteur de leur enlèvement a été relâché. Ils affirment d’ailleurs que l’argent reçu risque d’être réinvesti dans d’autres actes de terreur. Une réflexion qui est en tout point logique. Mais que faire quand il s’agit de la vie de deux personnes ? Le mois de juillet dernier, la France a réalisé une opération militaire ratée contre les campements d’AQMI au Mali pour libérer Michel Germaneau, qui collaborait avec une ONG dans le nord du Niger et avait été enlevé le mois d’avril dernier. En représailles, le groupe terroriste a exécuté l’otage. L’Espagne aurait elle du agir de la même manière ? Selon le président français, oui. Deux jours après la libération, Nicolas Sarkozy a critiqué la décision de l’Espagne, affirmant que le versement d’une rançon « ne peut pas être une stratégie » contre le terrorisme.

Mais Sarkozy n’est pas le seul à penser ainsi. Les critiques ont aussi plut depuis l’espace de commentaire des versions numériques des quotidens espagnols, dont certaines très virulentes. Les anonymes y accusent les travailleurs humanitaires d’avoir pris des risques pour se vanter d’être solidaire quand il y a des méthodes plus efficaces (mais moins médiatiques) de faire arriver les aides. D’autres se plaignent que l’un des otages libérés ai remercié les efforts du gouvernement… En catalan. « Payer avec mes impôts les aventures de quelqu’un qui s’est mis en danger en sachant bien que cet argent sera utilisé pour provoquer plus de douleur dans plus de familles ? », rageaient plus d’un.

Pour le Partido Popular (le PP, parti conservateur, dans l’opposition), la position doit être claire : on ne peut pas négocier avec les terroristes. Et certains de leurs porte-paroles en sont arrivés à rappeler que le paiement de rançon est un délit en Espagne et qu’il doit être étudié. Entre temps, le gouvernement accuse l’opposition de vouloir profiter de la situation. Ce qui est sûr c’est qu’une autocritique est nécessaire face à un risque qui augmente chaque jour. Selon El País, l’année dernière 92 travailleurs humanitaires ont été enlevés dans le monde entier. Un chiffre à prendre en compte et qui nous amène à réfléchir à la meilleure stratégie pour affronter la terreur. En France, un atelier de sensibilisation aura lieu en novembre pour que les ONG bretonnes apprennent à réagir face aux risques de prise d’otage. Barcelona Acció Solidària ferait peut-être bien de demander un compte-rendu…

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